réflexions sur le rythme scolaire, prise de position du Conseil des CFMI
Publié le 20 Avril 2013
Nouveaux rythmes scolaires et dumistes
Que la nécessaire réforme des rythmes scolaires ne vienne pas déconstruire l'architecture d’une éducation musicale
ambitieuse pour tous les élèves de l’école primaire !
dumistes : des artistes et musiciens professionnels en résidence pérenne à l’école primaire, titulaires du Diplôme
Universitaire de Musicien Intervenant à l’école (DUMI)
Avertissement au lecteur : cette contribution du CFMI de Lyon est basée sur la conviction que l’éducation artistique et culturelle et donc l’éducation musicale participent aux apprentissages fondamentaux de l’école dans le droit fil du lire, écrire, compter.
Les points de départ de notre réflexion sont au nombre de 3 :
. L’éducation musicale fait partie des enseignements obligatoires inscrits dans les programmes de
l’école primaire
. Les ministères de la Culture, de l’Education nationale, et de l’Enseignement Supérieur ont décidé, depuis 1983, de former à l’Université des musiciens intervenant à l’école (les dumistes). Ces professionnels sont des acteurs du temps scolaire qui aident les professeurs des écoles à mettre en oeuvre ces programmes nationaux, les professeurs des écoles rencontrant souvent des difficultés dans ce domaine
. Le temps d’enseignement reste fixé à 24 heures par semaine et la réforme des rythmes scolaires ne touche pas aux équilibres horaires entre les disciplines de l’école primaire
En conséquence, la réforme des rythmes scolaires ne devrait pas modifier les interventions des dumistes à l’école dont l’ambition est que tous les enfants pratiquent la musique dans le temps scolaire, facteur d’une véritable démocratisation artistique et culturelle.
La contribution du Conseil des CFMI pourrait s’arrêter sur cette conclusion.
Mais les vifs débats sur la place publique autour des nouveaux rythmes scolaires nous imposent de poursuivre :
- à partir des constats suivants :
. les collectivités locales sont sollicitées, en premier lieu, pour la mise en place de nouveaux rythmes scolaires (temps
péri et extra scolaires)
. les collectivités locales, pour nombre d’entre elles, sont déjà fortement engagées pour le développement de l’éducation
artistique et culturelle notamment par l’emploi des dumistes . la qualification des animateurs pour encadrer les activités périscolaires est posée ainsi que la disponibilité d’animateurs formés
en nombre suffisant pour les activités périscolaires
. les dumistes ont un cadre d’emploi : assistants territoriaux d’enseignement artistique. Ce sont des personnels appelés à
apporter leur concours aux enseignements artistiques sous la responsabilité des personnels enseignants (Article L911-6 – Code de l’Education)
. les finances des collectivités locales sont dans le rouge
- à partir des sous-entendus suivants :
. les activités périscolaires visent à favoriser l’accès de tous les enfants aux pratiques culturelles, artistiques,
sportives, etc. (la réforme des rythmes à l’école primaire – guide pratique pour les maires – février 2013 p.30)
On peut s’interroger sur le pourquoi de ces seules cibles. Les activités périscolaires ne pourraient- elles pas être mises
au service d’un égal accès aux pratiques de la lecture, des mathématiques, de la maîtrise de l’écrit, de la construction du sens historique, de la constitution d’une culture scientifique et
technique … ? On voit bien là poindre, consciemment ou non, les statuts différents conférés aux champs disciplinaires dont certains pourraient se satisfaire du hors temps scolaire
. les activités sportives, artistiques et donc d’éducation musicale sont situées implicitement dans le champ de la détente
et de la récréation. Elles peuvent donc être placées dans des temps intermédiaires : la pause méridienne et le périscolaire. Or de nombreuses études prouvent que les activités musicales sont
porteuses d’apprentissages fondamentaux demandant une attention soutenue ; c’est d’ailleurs pourquoi l’éducation musicale fait partie des programmes obligatoires de l’école
. les activités pédagogiques complémentaires et les activités périscolaires sont deux dispositifs distincts qui semblent
souvent pris l’un pour l’autre : le premier s’articule avec le projet d’école et prévoit la participation de l’enseignant, le second s’éloigne du projet d’école et l’enseignant en est
absent
. à partir des pratiques observées :
. les dumistes ont acquis une expertise en matière d’intervention sur projet contractualisé avec les professeurs des écoles
et validés par les inspections de l’Education nationale
. la coopération professeurs des écoles/dumistes est au centre des pratiques pédagogiques et artistiques mises en oeuvre dans les écoles pour développer l’éducation musicale de tous les élèves . les dumistes sont souvent rattachés aux conservatoires de musique quand ils existent sur leurs terrains professionnels. Ils jouent un rôle important, par exemple, dans le développement des orchestres à l’école.
En conclusion et dans la logique de la mise en place de nouveaux rythmes scolaires, les dumistes, acteurs avant tout du
temps scolaire, peuvent étendre leur action sur les activités pédagogiques complémentaires qui reposent sur le lien avec les professeurs des écoles et le projet d'école.
Faire basculer les dumistes du temps scolaire sur les activités périscolaires serait méconnaître le rôle d’agent de
développement culturel qui leur est reconnu notamment par leurs employeurs. Ces professionnels ont su imaginer des projets fédérateurs de pratique artistique sur leurs territoires d'intervention,
pour tous les enfants d’une école et pas seulement pour quelques enfants inscrits à un atelier périscolaire.
Ces professionnels ont su construire, depuis 30 ans, des collaborations inventives avec les professeurs des écoles,
inscrivant ainsi l'éducation musicale au coeur des apprentissages fondamentaux dont l'école a le souci. L'éducation musicale initiée par les dumistes ne se situe pas dans un temps
récréatif.
Alain DESSEIGNE – directeur du CFMI de Lyon